De bon matin... [ Libre ]

Andrew n'était arrivé que depuis quelques jours a la T.C. que déjà, il avait créé des liens très forts avec... hum, son PC. Il était vrai que les autres avaient l'air particulièrement tentants, mais celui-ci... Il avait fonçé dessus sitôt la porte de la salle informatique passée. Depuis, il avait rajouté de la mémoire, des processeurs, meilleures cartes trouvées sur le marché... La totale. Et ça lui plaisait...

Il était donc là, sur sa chaise, dans cette salle, et ne savait pas vraiment quoi faire. Il n'avait pas de travail spécial, et s'ennuyait un peu. Après deux bières, et mure réfléxion, il fut décidé qu'on allait pirater une ligne de jeux en réseau, pour enfin terminer en jouant 'normalement'. Il était très détendu, les pieds sur son bureau, une main tenant une bouteille, l'autre appuyant rapidement sur le clavier. " Doom ". Jeu quelque peu morbide, où il excellait depuis des années a arracher les tripes et boyaux des ennemis. Ou pas...
Quoiqu'il en soit, le temps passait rapidement ici, et, avant qu'Andrew ne s'en soit rendu compte, il était pratiquement 7h du matin, et la lumière douce de l'aube filtrait a travers les volets fermés des petites fenêtres de la pièce. Il n'en tient pas compte, trop absorbé par le jeu.

A quelques moments, il prononçait de jurons, signe de faiblesse, ou au contraire, des " Ouais " mauvais. En tous les cas, il parlait tout seul. Mais comme toujours, en fait. Il avait les traits tirés, signe de fatigue, et des cernes commençaient a se dessiner sous ses yeux. En parlant de ses yeux, il était grand ouverts. Un peu trop même, et cela faisait un peu louche. Sa peau était pâle, blême, comme toujours lorsqu'il passait la nuit devant un écran d'ordinateur. Il était maintenant grandement habitué a ce genre de nuits sans sommeil, et ça ne le gênait pas vraiment. Des bouteilles étaient négligemment posées sur son bureau, alors qu'il fixait encore et toujours l'écran, où se déroulait une partie glauque.

Ce matin, Susan avait remarqué que son jeune colocataire avait quitté un peu précipitamment l'appartement. Il n'avait meme pas eu le temps de prendre le petit déjeuner qu'elle lui avait pourtant préparer, se comportant comme une véritable mère pour ce garcon qui semblait livré a lui-meme depuis sa sortie de fac...
La jeune femme savait qu'il ne devait pas apprécier plus que ca de se faire traiter de la sorte mais elle ne pouvait pas s'en empecher, c'était plus fort qu'elle. A 36 ans, Susan était encore célibataire et sans enfant, aussi trouvait-elle normal de s'occuper du mieux possible du jeune garcon avec qui elle partageait son appartement. Son instinct maternel sans doute, se disait-elle, meme si elle savait parfaitement qu'elle avait choisi ce mode de vie par rapport a son travail.
Cela ne faisait que quelques semaines qu'Andrew était arrivé a l'Institut et il n'avait pas eu le temps de trouver de quoi se loger rapidement dans une ville aussi grande que Tallahassee. En effet, le marché de l'immobilier était impitoyable, ici comme ailleurs, et les prix ne cessaient de flamber depuis quelques années.
Alors Susan arriva devant la salle d'informatique, sachant pertinemment qu'Andrew serait deja la, étant donné son amour pour les ordinateurs.
Elle frappa trois coups a la porte et attendit avec un sourire, que la voix du jeune homme lui réponde.

Toujours concentré, les yeux rivés sur son écran, Andrew s'était complètement donné au jeu. Jusqu'à ce qu'on frappe a la porte, et il releva soudainement la tête, sortant de ses pensées. Andrew réfléchit un instant, puis se dit que s'il ne répondait pas, peut-être qu'on penserait qu'il n'y avait personne... Mais sa feignantise ne prit pas le dessus cette fois-ci et, avec une molesse infinie, il se leva et avança vers la porte en se frottant les yeux, un peu ailleurs.

Hum hum... !

Il ouvrit la porte, pour tomber nez a nez avec... sa colocataire. Il crut avoir mal vu, au premier abord, mais comprit que c'était bien elle. S'il se rapellait bien, elle bossait en tant que médecin, ou quelque chose dans le genre... Que faisait-elle ici ?
C'était une trentenaire celibataire, sans enfant. Peut-être préférait-elle consacrer sa vie a sa profession plutôt qu'à une vie de famille... Chacun ses envies. Il fronça brievement les sourcils avant de se reculer pour la laisser rentrer et de se râcler la gorge.

Ho, bonjour...

Mine de rien, il se rapprocha de son bureau et attrapa les bouteilles, pour aller les jeter. Ca ne le dérangeait pas vraiment de vivre avec Susan, elle avait l'air vraiment gentille. Quoiqu'un peu trop a ses petits soins. Mais lui ne passait pas réellement beaucoup de temps chez lui, et pour l'instant, il n'en tenait pas vraiment compte.

Qu'est-ce que vous faites ici ? Il est tôt !

Susan n'avait pas entendu Andrew répondre aussi fut elle surprise de le voir ouvrir la porte alors qu'elle se trouvait juste derrière, la main posée sur le montant. Par réflexe, elle recula et en voyant la tete que faisait son colocataire, elle ne put réprimer un fou-rire. On aurait dit un ado! Il avait exactement le meme comportement...il trainait sans arret les pieds pour se déplacer et parlait d'une voix morne comme si tout se qui se passait autour de lui n'avait aucun interet. Quand lui-meme se recula pour la laisser entrer, Susan avanca et prit une profonde inspiration pour calmer son fou-rire. Tout en souriant, elle répondit a la salutation d'Andrew puis comme le jeune homme retournait vers son bureau qui se trouvait non loin de celui de Jessie Mills, elle le suivit.
Jusqu'a maintenant, Susan avait gardé sa main gauche derrière son dos mais elle tendit cette dernière vers Andrew, lui donnant ainsi un sachet qui contenait des croissants.

Oui il est tôt c'est vrai. Tu es parti sans manger ce matin alors je t'ai emballé ca...je me suis dis que tu aurais du mal a tenir jusqu'a midi.

Susan continuait de sourire meme si elle constatait a l'expression du visage de son interlocuteur qu'il se sentait mal a l'aise.

Andrew se demanda rapidement pourquoi elle avait rit en le voyait. Eclaté de rire, même... Il se tourna vers elle, après avoir jeté ses déchets, et découvrit avec stupefaction qu'elle tenait un sachet a la main, dans lequel se trouvaient de la nourriture, disait-elle. Il oublia instantanémment qu'elle s'etait moqué de lui. Etonné, il l'était vraiment. Sa mère, sa propre genitrice avait, a un moment de sa vie, arrêté toute preuve d'affection, quelle qu'elle soit, et il n'y était plus habitué. D'autant plus qu'il n'avait pas l'impression de connaître Susan vraiment bien, encore. Il rougit quelque peu, ne sachant pas quoi répondre. Il ne dejeunait pas le matin, en fait. Ou rarement, car il arrivait qu'il ait faim dans la matinée. Son regard dévia, passant de la droite de Susan a sa gauche, mais il ne la regardait pas, gêné. Et se décida a bafouiller :

C'est que, le matin, je ne dejeune pas... Mais merci quand même., ajouta t-il rapidement, après coup.

Signe d'embaras, une main vint se coller a sa nuque, et il ne dit rien pendant un instant, se contentant de la regarder. Pourquoi est-ce qu'elle faisait tout ça ? Elle en était allée a se deplacer jusqu'a son lieu de travail pour lui apporter a manger ! L'intention était bonne, mais elle en faisait trop pour Andrew, et il en était très troublé. On ne lui portait plus de telles attentions depuis longtemps, et il ne la connaissait pas.
Se tournant vers son ordinateur, il appuya sur une touche, histoire de mettre son jeu en pause. Ho, quand pourrait-il retourner sur sa chaise... ? Il fit un sourire bref et legerement timide a Susan.

Andrew lui prit le sachet contenant les croissants mais Susan sentait bien que l'atmosphère était plutot tendue. Le pauvre garcon ne devait pas avoir l'habitude qu'on se comporte comme ca avec lui. Susan fourra ses mains dans ses poches de jean. Elle avait vraiment du mal a comprendre les parents qui délaissaient leurs enfants comme les parents d'Andrew l'avaient fait. En réalité, la jeune femme ne savait pas grand chose de lui mais leur chef de service les avaient mis au courant du caractère un peu spécial de ce dernier. Et c'était suite a ca que Susan c'était proposée pour l'heberger car après tout, ca ne la dérangeait pas du tout au contraire.
Lorsqu'elle s'appercut que Andrew avai vraiment l'air géné, elle décida de ne pas l'embeter plus longtemps.

Bon...et bien...si tu n'as besoin de rien d'autre, je vais te laisser...

Elle jeta un oeil a l'ordinateur dans le dos d'Andrew et sourit en constatant qu'il s'agissait d'un jeu en ligne. Puis elle finit sa phrase:

...travailler! Passe une bonne journée et si tu as quelque chose a me demander, n'hésite pas a demander le service scientifique! J'y serais toute la journée...

Il rougit encore un peu plus lorsqu'elle prononcer le mot " travailler ", puisqu'il en était très loin. Mais peut-être parce qu'il venait d'arriver, on ne lui avait pas encore donné beaucoup de travail... Alors il en profitait. Mais bientôt, il faudrait commencer a aider le plus possible, grâce a ... Enfin, il faudrait aider, point barre. Andrew n'aimait pas penser au pourquoi du comment de sa venue ici, puisque ça l'embêtait plus qu'autre chose, ce statut. D'autant plus qu'il n'en faisait pas vraiment preuve en ce moment... Son regard coulissa doucement vers son écran, et il soupira, avant d'acquiesçer lentement a sa proposition. Il doutait de devoir y aller un jour sauf pour Will', au service scientifique, mais avait accepté. Toujours la bonne intention.
Andrew se demanda s'il n'avait pas mal réagit. C'est vrai que c'était soudain tout ça, mais elle voulait bien faire ! En tout cas, il avait des croissants sur son bureau. Au cas où. Il designa le sachet d'un geste vague de la main.

Merci encore... Ah oui, je ne sais pas si je serais là pour le dîn... ner. Ce soir.

Il avait laissé sa phrase en suspens quelques secondes. Pourquoi est-ce qu'il lui disait ? Elle s'en fichait probablement. Enfin, peut-être pas tout compte fait. Il valait mieux la prévenir, qu'elle ne fasse pas un de ses repas copieux. Andrew venait de décider qu'il allait se mettre au boulot dès aujourd'hui, et il travaillait mieux sans temps de repos, quand il faisait tout a la suite.
Le jeune homme se demanda si ça ne faisait pas trop antipathique s'il allait vers la porte. Aussi, il attendit de voir ce qu'elle allait faire, avec un ennui dissimulé. Il ne voulait tout de même pas qu'elle le prenne mal.

Susan ne cessait pas de sourire. Elle ignorait pourquoi mais c'était toujours un réflexe, pensant que ca mettait les gens a l'aise de leur parler en souriant. Visiblement, ce n'était pas le cas avec Andrew. Alors Susan sortit les mains de ses poches et haussa les épaules quand le jeune homme la remercia pour les croissants.

Oh tu sais c'est pas grand chose, et ca me fait plaisir!

Puis elle se dirigea vers la porte mais s'immobilisa, une main sur la poignée, a la remarque que fit Andrew. Elle trouvait ca incroyable. Peut etre bien que ses sourires a répétitions avaient finalement portés leurs fruits? Il venait de réagir tout a fait comme elle l'espérait...meme si ca n'était pas encore très naturel, il l'avait dit et c'était tout ce qui comptait pour Susan.
Alors, pour changer, elle sourit a nouveau et se retourna vers son jeune colocataire:

Ok. Tu fais ce que tu veux, je ne vais pas t'empecher de sortir tu es grand...

Elle hésita un instant mais finit tout de meme par lui faire une sorte de clin d'oeil malicieux. Puis elle tourna la poignée et posa un pied dans le couloir.

Ah j'oubliais! 3637....le code de la porte en bas...Bonne soirée Andrew.

Sur ce elle referma la porte derrière elle et, heureuse d'avoir discuté avec son coloc', remonta vers son service qui se situait un étage au-dessus de celui de l'informatique.

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